Le réseau des adoptés

Dans la plupart des familles, lorsque l'enfant paraît c'est bien sûr la joie qui fait place à l'exaltation de tout l'entourage y compris les amis, les collègues, les voisins bref, soudainement une bulle d'amour et de fierté entoure les parents qui comblés transmettent au petit être le sentiment inconscient d'avoir sa place légitime dans le foyer. Tout est simple, naturel sans question.

A l'arrivée de l'enfant adopté, la même joie, le même bonheur familial se lit dans les yeux des parents, des grands-parents souvent voire même des frères et soeurs dont on a pris soin de donner toutes les explications utiles pour permettre la venue de l'enfant dans les meilleures conditions possibles. Seulement voilà,  dans certains cas le petit nouveau ou la petite nouvelle est différente, elle n'appartient pas à la même ethnie que ses parents adoptifs. Il ou elle a les cheveux crépus, le teint noir ou asiatique, ce qui ne serait pas un problème si au moins l'un de ses parents lui ressemblait mais il n'en est rien. Aussi, au début le petit est entouré de la même tendresse que dans le premier cas au sein de sa nouvelle famille mais après, c'est là que tout se complique. L'extérieur, pour l'extérieur rien ne va plus, on ne le considère pas comme leur enfant mais comme le petit sauvé de je ne sais quel péril et immédiatement s'installe une véritable admiration envers ses parents héroïques, philantropes et généreux, dans la tête de la majorité de ces gens (les personnes de l'extérieur), l'enfant devra être reconnaissant de l'action que ses parents ont fait pour lui donner une chance de vivre heureux dans une famille aimante même si celui-ci n'a rien demandé. L'enfant lui, petit ne se rend pas compte de sa chance évidemment, pour lui tout est normal et il n'a rien à devoir à qui que se soit puisqu'il est le fruit de l'amour de ses parents. A l'intérieur de sa famille, il vit dans un cocon, entouré de ses proches et rien ne vient perturbé son monde. Il est petit, merveilleux, fait la joie de tous et rien ne présage un quelconque changement. On le touche, on lui fait des sourires constants, on le cajole, on le fait jouer, on rit de ses questions, de sa naïveté et tout le monde est content.

Les nuages surviennent au fur et à mesure que cet enfant grandit et qu'il découvre que non seulement ses parents ne sont pas ses vrais parents mais qu'en plus il ne leur ressemble pas. A l'extérieur, on lui dit tout le contraire de ce qui se dit chez lui et semble désarmé, impuissant quand on lui pose la question "Tu viens d'où, où sont tes parents, de quel pays es-tu ?" Dans bien des situations il sera confronté bien qu'accompagné de ses parents adoptifs à des questions bien plus gênantes et destabilisantes encore du genre "Où sont tes parents ? Il sont morts ? Les as-tu recherchés" et j'en passe et des meilleures.

Pour devenir un adulte équilibré, l'enfant devra faire preuve de beaucoup de psychologie afin de dépasser ces incohérences.

Danièle LONY